L’Arctique face aux changements climatiques : analyse de crises géomorphologiques paraglaciaires

Les milieux polaires et subpolaires connaissent actuellement la plus grande métamorphose dynamique depuis la fin de la dernière grande glaciation du Pléistocène. Le passage d’une séquence froide à une autre séquence climatique se concrétise par une séquence intermédiaire de déglaciation au cours de laquelle les dynamiques paraglaciaires sont exacerbées. L’ensemble du système arctique est alors en déséquilibre, en crise sur le plan climatique, hydrologique et géomorphologique, dont les répercussions affectent les sous-systèmes notamment gravitaires, fluviaux, littoraux, marins et même socio-spatiaux.

Les recherches menées par des géomorphologues français (Denis Mercier, Armelle Decaulne, Etienne Cossart, Thierry Feuillet, Julien Coquin...) s’articulent autour d’une problématique principale centrée sur les conséquences géomorphologiques des changements climatiques dans les milieux polaires et subpolaires. Afin d’apporter des réponses les plus pertinentes, deux échelles temporelles sont privilégiées. La première couvre l’ensemble de l’Holocène, et les recherches sont conduites en Islande septentrionale. Cet espace offre un potentiel d’archives sédimentaires de pieds de versants susceptibles de fournir des résultats quantitatifs fiables et bien calés chronologiquement. Le second pas de temps couvre la période actuelle du réchauffement de l’Arctique et l’analyse porte sur l’observation des littoraux du Spitsberg nord-occidental. Ces deux études apportent des renseignements précieux sur les dynamiques du passé et de l’actuel pour comprendre le comportement de l’Arctique pour les décennies à venir.

Dynamiques holocènes :
1 - Décohésion postglaciaires des parois en Islande (datation des mouvements de masse).
2 – Archives sédimentaires de pied de versant en Islande (stratigraphie, tephrochronologie…).
3 – Datation des glaciers rocheux en Islande et au Spitsberg.

Dynamiques actuelles :
1 – Progradation des littoraux meubles au Spitsberg en relation avec le recul des glaciers, la hiérarchisation du réseau hydrographique et la sédimentation offshore dans les fjords (approche par la sismique).

Merci Denis,
Pourras tu ici meme nous préciser vos méthodes d'approche et principales interrogations et problématiques concernant le paraglaciaire ?
Notez qu'y a aura au colloque IAG fin aout 2013 une session sur le paraglaciaire.

La géomorphologie paraglaciaire étudie les environnements en voie de déglaciation ou ayant été englacés par le passé et ayant enregistrés une déglaciation.
Les méthodes sont communes à toutes les approches paléo-environnementales.
La recherche porte sur les formes et les emboîtements de formes et les éléments de datation directs ou indirects permettant de préciser les calages chronologiques.
Ainsi, les mouvements de masse islandais sont datés indirectement par des emboîtement de formes puisqu'ils reposent, pour certains, sur des plages soulevées postglaciaires et sont donc postérieurs à celles-ci. Les mouvements de masse sont également datés par des éléments retrouvés dans des tourbières s'étant développées dans le corps des mouvements de masse après leur mise en place. On a retrouvé dans ses tourbières 5 téphras du volcan Hékla et des restes de Betula datés au C14. Ainsi, les calages chronologiques sont précis (cf. Decaulne et al., 2013; Mercier et al., 2013).























Decaulne A.,
Mercier D., Cossart É., Feuillet T.,
Jónsson H.P., Sæmundsson Þ., 2013 - The Vatn landslide, Skagafjörður, northern Iceland: evidence of an early Holocene paraglacial crisis and
impact on further slope development, Vol.
15, EGU2013-4169.














Mercier D.,
Cossart É., Decaulne
A., Feuillet T., Jónsson H.P., Sæmundsson Þ., 2013 - The Höfðahólar rock avalanche (sturzström): Chronological constraint
of paraglacial landsliding on an Icelandic hillslope, The Holocene, 23, 3, 431-445.