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Thèse en cours : "Approche anthropologique de la maltraitance chez les jeunes Inuit et de l’éducation familiale au Groenland : de la famille traditionnelle à l’actuelle Maison d’enfants d’Uummannaq"

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Thèse en cours : "Approche anthropologique de la maltraitance chez les jeunes Inuit et de l’éducation familiale au Groenland : de la famille traditionnelle à l’actuelle Maison d’enfants d’Uummannaq" Empty Thèse en cours : "Approche anthropologique de la maltraitance chez les jeunes Inuit et de l’éducation familiale au Groenland : de la famille traditionnelle à l’actuelle Maison d’enfants d’Uummannaq"

Message  Jean-Michel Huctin Mar 30 Avr - 11:21

Doctorant : Jean-Michel Huctin (CEARC - OVSQ : Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
Thèse réalisée à l'Université de Paris Diderot - Paris VII sous la directeur du professeur Pascal Dibie

Cette thèse en anthropologie est l’une des très rares études universitaires sur la maltraitance des enfants inuit et, plus spécifiquement, sur l’éducation et la suppléance familiale au Groenland. En effet, si l'abus d'alcool et le suicide sont souvent cités comme les symptômes les plus graves de la crise sociale touchant les populations autochtones affectées par les brûlures de l’histoire coloniale, la maltraitance des enfants, elle, est très rarement évoquée, voire dissimulée, sans doute à cause de son caractère très sensible, derrière des expressions imprécises telles que « violences domestiques ». De plus, la maltraitance a été surtout étudiée en psychologie et en santé publique dans les 30-40 dernières années et concerne principalement les enfants d’Europe et d’Amérique du Nord. Très peu de recherches ont ainsi été menées sur ce sujet avec une démarche anthropologique et de surcroît dans un contexte autochtone, notamment inuit.

C’est pourquoi le terme « approche » du titre de cette thèse définit aussi bien l’inscription disciplinaire, la démarche méthodologique que le caractère nouveau d’une étude qui défriche une question complexe plus qu’elle ne l’épuise. Elle cherche d’abord à comprendre comment la déficience éducative parentale (des négligences éducatives légères aux violences psychologiques et physiques les plus graves) est devenue un problème de grande ampleur dans la société groenlandaise actuelle alors que les traditions éducatives des familles inuit étaient et sont toujours caractérisées par une grande affection et l’indulgence parfois la plus extrême. Il s’agit également de tenter de décrire comment cette maltraitance parentale peut se transformer en une « bientraitance professionnelle » puisque la suppléance familiale semble être souvent la meilleure réponse au problème : elle exige aujourd’hui une approche à la fois plus respectueuse des besoins individuels des jeunes concernés, et d’abord la prise en compte de la culture locale comme de l’identité ethnique par les différents acteurs de l’éducation spécialisée. Cette question est d’une importance vitale pour lutter efficacement contre cette pathologie sociale et pour remédier aux grandes difficultés éducatives de cette société arctique post-traditionnelle et ex-coloniale dans un pays aujourd’hui politiquement autonome et demain peut-être indépendant.

La première partie de la thèse présente un panorama ethno-historique de l’éducation familiale dans les sociétés traditionnelles inuit d’Alaska, du Canada et du Groenland, basé sur l’étude des textes les plus anciens des explorateurs et des missionnaires comme ceux plus récents des anthropologues et sur la parole publiée des anciens. Elle se poursuit avec une analyse sociologique de la maltraitance des enfants dans le Groenland actuel et tente de faire le point sur l’état de la question : mesure, formes, causes, conséquences, traitement, etc. La deuxième partie de la thèse est une étude de terrain dans la communauté inuit d’Uummannaq sur la côte nord-ouest du Groenland. Elle est entièrement consacrée à l’expérience originale de suppléance familiale d’une institution sociale qui héberge, soigne et éduque des jeunes en souffrance. Uummannami Meeqqat angerlarsimaffiat, la « Maison d’enfants d’Uummannaq », est la plus vieille et la plus septentrionale de ces institutions groenlandaises dédiées à la jeunesse en danger ; elle est aussi l’une de celles qui possèdent le plus grand nombre de jeunes résidents dans tout le pays. Elle est reconnue internationalement pour sa bientraitance éducative grâce à ses activités originales qui s’appuient sur la culture inuit traditionnelle (notamment les voyages des chasseurs en traîneaux à chiens sur la banquise) mais aussi sur la découverte des cultures étrangères (voyages en Europe et dans le reste du monde) et la relation interculturelle.

La connaissance de cette communauté inuit et de cette institution sociale, avec laquelle je collabore depuis près de 17 ans, a créé la confiance indispensable à une telle étude ethnologique sur un sujet aussi sensible. Ce terrain de longue durée a d’abord été une « participation observante », c’est-à-dire un engagement dans la communauté préalable à l’activité de recherche et plus profond que l’observation participante classique. Il a rendu possible la collecte de nombreuses interviews semi-directives de jeunes résidents, d’éducateurs et de chasseurs impliqués dans les activités éducatives de la Maison d’enfants ainsi que d’innombrables conversations quotidiennes qui permettent de capter des réponses plus intimes. Ces données sont complétées par une étude du devenir des ex-résidents et par une confrontation de cette expérience avec les recherches actuelles sur l’éducation et la résilience comme avec d’autres pratiques du même type ailleurs dans le monde. Concluons cette présentation en affirmant que cette recherche obéit à certaines règles éthiques évidentes puisqu’elle est menée dans le plus grand respect et la protection des jeunes résidents et en collaboration avec les éducateurs de la Maison d’enfants d’Uummannaq. Son éthique impose aussi la restitution des résultats à la communauté étudiée : ils ont été et seront publiées en langue groenlandaise.

Jean-Michel Huctin

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Date d'inscription : 29/04/2013

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