La dendrogéomorphologie et ses applications dans les milieux de haute latitude

Après une première phase d’essor dans les années 1970 et
1980, la dendrogéomorphologie retrouve un regain d’intérêt dans l’étude des
géodynamiques de pente sur des sites ponctuels au cours des années 2000. Les
milieux froids des hautes latitudes restent néanmoins marginaux dans les
courants de recherche actuels, sans doute du fait de la faiblesse du couvert
forestier et des croissances lentes des ligneux dans les secteurs Arctique et
sub-Arctique.


Il apparaît pourtant que plusieurs espèces ligneuses sont
tout à fait adaptées à des études à haute résolution temporelle sur le temps
court, couvrant aisément les 60 dernières années, et allant dans certains cas
au-dessus de 100 ans. Ces échelles temporelles sont idéales à l’analyse des
conséquences géomorphologiques des changements climatiques observés depuis
plusieurs décennies.


L’étude des mouvements de masse sur les pentes peut être documentée annuellement par
l’analyse de la répartition des cernes de croissance dans la tige de nombreuses espèces ligneuses (par exemple le bouleau - Betula sp., le saule polaire - Salix polaris Wahlenb., ou le saule réticulé - Salix reticulata, ainsi que de nombreuses espèces de conifères). Les indices comme la mort de l’arbre ou la déformation de croissance (port perturbé, cicatrices, branches cassées, etc) sont révélateurs des stress subis par les individus étudiés.
Spatialiser ces perturbations de croissance permet de reconstituer, à l’échelle temporelle
de la vie des ligneux étudiés, le calendrier des modifications géomorphologiques rencontrées sur le site.


Les avalanches, les coulées de débris et glissements de terrain sont autant de processus géomorphologiques actifs dans les milieux des hautes latitudes qui peuvent être révélés par l’approche dendrogéomorphologique.