La Lena, des chaînes de montagne sibériennes aux flux sédimentaires vers l’Arctique.

Le delta de la Lena constitue l’exutoire d’un des 10 plus grands fleuves du monde, drainant environ 2,5 millions de km2 depuis les contreforts du rift Baïkal. Son régime hydrique particulier (totalement englacée en hiver, violente débâcle de printemps) et la taille de son bassin versant en font un des systèmes érosifs péri-arctiques les plus importants.
Des études basées sur l’origine des zircons détritiques ont montré que l’origine des sédiments clastiques du prisme de Verkhoyansk, depuis le Jurassique, était située quelque part au Sud du rift Baïkal actuel, dans la Central Asian Orogenic Belt. Par ailleurs, des datations par traces de fission ont montré que les reliefs péri-baïkaliens sont en grande partie hérités d’une phase orogénique du Jurassique liée à la fermeture de l’Océan Mongol-Okhotsk, caractérisée par une exhumation importante. Or, aucun sédiment de cet âge n’est visible à l’affleurement, suggérant une érosion extrêmement active et un transport sur de longues distances. L’ensemble de ces données suggèrent que la paléo-Léna drainait déjà, il y a environ 200 Ma, l’ensemble des reliefs péri-Baïkaliens vers le futur prisme de Verkhoyansk situé entre le bloc Kolyma et le craton sibérien. La structuration de la chaîne Verkhoyansk au crétacé supérieur ainsi que la surrection des épaulements du rift Baïkal ont modifié la source de la Léna et dévié sa trajectoire vers le Nord.
Ce système fluvial particulier dont la durée de vie égale celle des processus géodynamiques de grande échelle est donc un objet relativement unique permettant d’étudier à la fois les processus orogéniques et les transferts sédimentaires de grande échelle depuis les intérieurs continentaux vers les marges de l’océan Arctique, susceptible de fédérer les intérêts des communautés de la sédimentologie, de la géomorphologie et de la tectonique.

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